LE TELETRAVAIL CONTRAINT FRAGILISE LES ORGANISATIONS ET EXACERBE LES DIVERGENCES

Lu dans la presse.

« Après un an de télétravail les gens ne se comprennent plus » Ouest-France 21-03-2021

Dans un court article (détaillé dans une vidéo) Aurelie Dudezert, Professeure à l’Université de Saclay, spécialiste des transformations des pratiques du travail liées à l’introduction des technologies numériques, s’intéresse aux conséquences du Covid et du télétravail contraint sur les relations entre collègues. L’étude menée sous sa direction montre que les liens entre les individus sont désormais indirects, filtrés par des outils qui distancient et normalisent les inter-relations . Les deux premiers confinements n’eurent pas le même impact : la violence du premier a curieusement facilité l’adaptation à une situation perçue comme une crise passagère.

Lors du premier confinement les projets en cours firent l’objet de prolongation dans le cadre de routines rassurantes pour les collaborateurs. Lors de la seconde période les nouveaux projets qu’il a fallu parfois initier provoquèrent une forte instabilité « une phase de création et de conception… cela fragilisa beaucoup plus l’organisation, le collectif et l’efficacité ».

« Il y a eu une augmentation des tensions, majoritairement liées à des malentendus, parce qu’il y a l’absence du corps et du présentiel, ce qui fait que beaucoup de choses sont difficiles à capter. Certains de nos répondants ont parlé de micro-agressions constantes. Les gens n’arrivent plus à se comprendre »

De plus le second confinement a, en quelque sorte, réduit l’espace des relations professionnelles en limitant celles-ci aux échanges entre membres d’une même équipe. Une équipe qui perd ainsi ses relations avec son écosystème, le reste de l’entreprise. En se concentrant dans un espace relationnel limité les relations se durcissent et les divergences ou oppositions se cristallisent et prennent de plus grandes proportions.

« On commence à voir l’apparition d’organisations très claniques. Il manque l’informel, la spontanéité et l’échange, justement entre services, qui se faisaient avec le présentiel. »

Et la productivité lors de cette phase de télétravail ?

Les travaux « routiniers », standardisés, dont les process étaient bien définis, ont souvent avancés plus vite, dès lors qu’au domicile les conditions de travail le permettaient (on peut penser qu’un certain sentiment de culpabilité pouvait aussi favoriser une intensification des rythmes de travail). Par contre, « sur des activités où il y a besoin de créer et d’innover, le « tout-télétravail » n’est pas productif » .

Rôle du management ?

Dans cette situation le rôle du manager est apparu comme déterminant : « Quand on prend le temps de s’écouter, quand le collaborateur se sent la liberté de s’exprimer sur ces sujets-là et que le management se sent aussi la liberté de poser ces questions-là, ça se passe très bien. »

Pourquoi ce choix d’article dans mon blog ? :

Pour avoir vécu brièvement au sein de mon équipe d’EDF l’intermède entre les deux confinements j’ai pu avoir un regard « neuf » sur les changements que le retour de la distanciation a eu. Cette perception de quelque chose qui menaçait la cohérence du groupe, son harmonie, a sans doute été une des raisons « non dites » qui m’ont fait choisir mon sujet de projet « garder les liens d’équipe en télétravail ».

Cet article résume bien , quoiqu’écrit à la veille du 3eme confinement, mon sentiment : celui de l’indispensable relation entre membres d’une équipe et entre équipes au sein d’une entreprise … lorsque le Bien Etre au Travail est la règle il fait naitre une impression de « refuge » que la distance ne peut pas créer, quelque soit les procédés techniques utilisés .. cette sensation qui, un jour de février 2021, alors que j’avais « bénéficié d’une journée en présentiel au bureau » ..me fit en profiter jusqu’à la dernière minute, au-delà des heures de travail, dans un open-space pourtant déserté ou demeurait un « reste de cette ambiance » que j avais du mal à quitter.